Le NOUS informé n’importe comment

2 April 2020

Ce blogue est une adaptation de deux extraits de mon nouvel ouvrage Managing the Myths of Health Care.


Le patient est la « personne la plus sous-utilisée du domaine de la santé ». Cette personne, c’est vous et moi. Nous ne sommes pas des joueurs occasionnels en ce qui concerne notre santé, peu importe notre état de passivité lorsque nous nous retrouvons devant un médecin.


La plupart du temps, nous ne sommes même pas devant un médecin, voire des patients. Nous devons assumer personnellement la responsabilité de notre propre santé, y compris en matière de prévention de la maladie. La plupart du temps, d’ailleurs, nous sommes les « premiers répondants ». Nous sentons qu’il y a quelque chose qui cloche et nous allons consulter un professionnel ou encore nous nous occupons nous-mêmes du problème. (Vous avez mis un pansement dernièrement?) Et pas que pour nous. Nous pouvons être les premiers répondants pour nos enfants, parfois même pour nos parents âgés. Il convient donc de bien s’informer.


Savons-nous bien nous informer? Il existe tout un éventail de renseignements en matière de soins de santé. À quelle part de ces renseignements importants avons-nous accès? Est-il exagéré d’avancer 10 %?


À l’épicerie, je trouve des œufs, certains étiquetés « Oméga 3 », d’autres « bio ». Lesquels sont préférables? J’ai toujours l’intention de consulter Internet en rentrant, mais j’oublie tout le temps de le faire. À quoi bon? La réponse changera probablement rapidement de toute façon. Ce n’est toutefois pas la fiabilité des renseignements qui me préoccupe, mais plutôt l’interprétation qui en est faite pour mon usage personnel.


Bon, alors comment puis-je bien m’informer pour ma propre survie? N’importe comment. Si je n’avais pas écouté la radio une certaine journée l’an dernier, je n’aurais pas su que je n’avais plus besoin de me forcer à boire huit verres d’eau par jour. En revanche, cette année, si je n’avais pas écouté mes amis qui travaillent dans le domaine médical, je n’aurais pas consulté un naturopathe et découvert qu’il me fallait après tout boire toute cette eau pour traiter un problème de santé. Est-ce là la façon de m’informer sur ma propre santé : une émission de radio, le journal télévisé, une consultation, un article envoyé par un ami et, de façon plus systématique, toutes ces publicités qui m’indiquent quel analgésique avaler?


Seulement, j’ai un avantage : je suis instruit et j’ai le temps de lire. De plus, j’ai des amis médecins que je peux consulter au besoin. Et maintenant, grâce à Internet, je peux trouver toutes sortes de renseignements à mal interpréter. Particulièrement, toutefois, je suis dépassé par tous ces renseignements disponibles et je ne sais trop quoi en faire. J’ai besoin d’AIDE!


UN NAVIGATEUR DE LA SANTÉ À LA RESCOUSSE

Les omnipraticiens, même les plus attentifs, sont des personnes occupées qui doivent diagnostiquer, traiter ou recommander et conseiller, et ce, généralement alors que leur salle d’attente est bondée de personnes anxieuses. Nous, ces personnes qui attendent, avons besoin d’un peu plus.


Permettez-moi donc de proposer le rôle de navigateur de la santé. N’allez pas le confondre avec celui de l’infirmière praticienne qui vient du domaine de la santé, au soutien des médecins. Il convient de noter que la santé englobe davantage que ce que font principalement les médecins, y compris la promotion de la santé (particulièrement le régime alimentaire), la prévention de plusieurs maladies et le traitement de celles que la médecine traite peu (comme le syndrome du côlon irritable et plusieurs maladies auto-immunes). D’autres services comme l’acupuncture, la naturopathie et l’homéopathie traitent certaines de ces maladies, et selon moi parfois de façon exceptionnelle, mais sont marginalisés par le corps médical qui agit de temps à autre en double aveugle.


Un navigateur de la santé, professionnellement formé, fournirait des renseignements et des conseils à vous et moi, ces personnes derrière les patients, au cœur de la collectivité, au-delà des populations des épidémiologistes. Le navigateur de la santé pourrait :

  • Apprendre à nous connaître, en tant que personne, mais également au sein de la collectivité, en commençant par un premier entretien complet couvrant tous les volets de notre santé (à l’instar de la pratique homéopathique), et garderait ces renseignements à jour.
  • Se tenir au fait des questions de santé de façon générale, ainsi que des sites fiables qui fournissent des renseignements et des services disponibles dans la collectivité.
  • Fournir à chacun de nous les renseignements nécessaires et des conseils pour tenter de rester en santé.
  • En cas de maladie, nous orienter dans le dédale des diagnostics, des traitements et surtout sur le chemin de la guérison.

Le diagramme qui suit montre les cinq volets essentiels de la santé – le maintien de la santé, le dépistage de la maladie, le diagnostic de la maladie, le traitement de la maladie et le recouvrement de la santé – autour de deux cercles concentriques. Le cercle extérieur est le Cercle professionnel alors que le cercle intérieur représente la Sphère personnelle. Le navigateur de la santé évoluerait en périphérie de ce cercle, comme l’indique le diagramme, à l’intérieur du Cercle professionnel, mais à proximité de la Sphère personnelle.


VOIR LES PARTIES AUTOUR DU TOUT
 

Devrions-nous laisser le sort de notre santé à l’anarchie du marché de l’information de même que dans les limites de la pratique médicale? Ou devrions-nous trouver comment prendre personnellement soin de notre propre santé?


© Henry Mintzberg, 2017, à partir d’extraits de Managing the Myths of Health Care.

Traduction par Nathalie Tremblay

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